Chronique des luttes (13) : Anthony Smith et les se(r)vices publics

Mais où en sont des se(r)vices publics ? Témoignage d’Anthony Smith, inspecteur du travail, réprimé, harcelé et, finalement, rétabli dans ses droits.

Anthony Smith devant le ministère du travail
Anthony Smith, la force de la conviction

Ça faisait un moment que j’avais envie d’en savoir plus sur l’histoire d’Anthony Smith. Pourquoi ? Probablement parce qu’elle m’a toujours semblé représentative de la société de Macron. Cette société c’est celle de l’injustice absolue, du mépris le plus total et là nous sommes face à un cas d’espèce tout à fait symbolique : la répression de quelqu’un qui a simplement fait en sorte que le droit soit respecté afin d’éviter à des travailleuses de perdre la vie sur leur lieu de travail. Le tout dans un contexte de tension extrême, celui du premier confinement.

Nous avons discuté par téléphone fin janvier. J’ai alors découvert, une demi-heure durant, pourquoi cet homme qui aurait dû rendre gorge sous les coups de la macronie était toujours là : une foi, une passion débordante. Bien des fois le téléphone a chauffé pendant la discussion…

le monde d’après ou après le monde ?

C’était au début du confinement. Un moment de flou sur la suite. Comment tout cela allait-il évoluer ? A quoi allait ressembler le monde d’après ? Meilleur ? Plus juste socialement, écologiquement ? Il y avait ces images d’animaux qui investissaient les centres urbains désertés. Il y avait aussi ces gens qui soudain avaient le temps de réfléchir à une vie autre que celle qu’ils subissaient. Et puis il y avait les métiers indispensables remis au centre de l’attention collective de manière symbolique. Les « essentiels », les « première ligne » étaient présents, oui, mais c’était surtout leur misère qui s’étalait, leur dénuement face à une situation qui était tout sauf imprévisible. Encore une fois, la faillite de l’État était totale…

« Nous sommes en guerre » avait déclaré le président Macron dans son style sibyllin habituel. Contre quoi, contre qui ? Contre un virus qu’il avait minimisé la semaine d’avant ou contre les droits des gens ? Pas besoin de déclaration tapageuse pour ceci nous le savions depuis bien longtemps déjà mais les autorisations de sorties faites à nous même allaient vite nous rappeler à quel genre de personnes nous avions confié le soin de nous représenter…

C’est dans ce contexte qu’éclata « l’affaire » Anthony Smith…

« L’affaire » Anthony Smith

Voici comment Anthony me résume les faits au téléphone :

Le 14 mars, Édouard Philippe, premier ministre, dit que les lieux recevant du public sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Le 17 mars je suis saisi par des représentants du personnel de la plus grosse association d’aide à domicile de Reims « comment va t-on continuer à aller chez les personnes âgées ? ». On a compté les morts à l’hôpital, on a compté les morts dans les EHPAD mais on n’a pas compté les morts à domicile et ces femmes-là, elles n’ont pas de protections, pas de masques, pas de gel, pas de charlottes, ni de blouses. En tant qu’inspecteur du travail, je tente d’intervenir auprès de l’employeur pour obtenir la mise en place de ces équipements. Je me confronte à une situation qui n’avance pas et le 15 avril je vais déposer ce qu’on appelle un référé judiciaire. Je saisi un juge en urgence pour lui demander d’ordonner des mesures de protection de la santé de ces salariées. Trois heures plus tard je suis suspendu à effet immédiat de mes fonctions d’inspecteur du travail.

se(r)vice public toujours, pôle emploi en crise...
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Autant dire qu’après un mois de confinement les sceptiques sur le « monde d’après » plus beau avaient toutes les raisons de se sentir confortés… Moins de droits pour les salariés, plus de mépris pour les agents de la fonction publique ; le cocktail imbuvable servi jusqu’à plus soif avant le début de la crise sanitaire avait de beaux jours devant lui. La guerre déclarée à la télévision, c’était bien celle-là, celle contre les droits, celle contre la dignité, celle contre l’espoir, celle contre les riens qui coûtent un pognon de dingue…

Anéantissement

C’est un SMS reçu à 19h le soir même qui informe Anthony de sa suspension. Dès lors tout va très vite. Sa hiérarchie fait les choses vite et bien, probablement dans l’espoir que l’incendie soit maîtrisé :

je me retrouve suspendu et confiné, ce qui n’est pas banal, dans un contexte extrêmement difficile. Quand tu es suspendu en fait tu n’existes plus, c’est-à-dire que tu es rayé du jour au lendemain. L’État, mon ministère, ne va plus communiquer avec moi que par lettre recommandée et envoi d’huissier à mon domicile. On va me couper mes outils informatiques, mon PC, mon téléphone portable. Je vais être littéralement effacé, débranché et convoqué à un conseil de discipline le 21 juillet puis sanctionné le 13 août en plein cœur de l’été d’une mutation d’office à Melun, en Seine-et-Marne à deux  cent kilomètres de chez moi à quinze jours de la rentrée de mes enfants. Tout ça sur un poste qui n’existe pas, sur un placard qui est créé pour l’occasion.

se(r)vice public de santé dans toute sa misère
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Il faut dire que les choses avaient été prises en main de manière ferme jusqu’au sommet, le cabinet de Madame Pénicaud, alors ministre du travail. L’affaire était jugée extrêmement sérieuse car il convenait d’éviter tout exemple jugé trop protecteur pour les travailleurs alors que l’impréparation de l’État était, encore une fois, totale. Pas de masques, pas de gel, des images d’infirmières vêtues de sacs poubelles en guise de sur-blouses. Il ne fallait absolument pas que l’affaire prenne de l’importance et donne des idées à d’autres.

Mais au fait pour quel motif a été suspendu Anthony Smith ? Pour avoir commis de graves fautes et notamment pour avoir violé les prescriptions de la haute Autorité de santé qui à ce moment, avec monsieur Véran et madame Buzyn, faisaient la pluie et le beau temps. Autrement dit les droits des travailleurs étaient considérés comme mineurs par rapport à la réalité sanitaire que le gouvernement avait provoqué. Il n’y a pas de masques ? Ce n’est donc pas obligatoire, tant pis pour les travailleurs ! Plaisante gestion vraiment, du type « dis-moi de quoi tu as besoin, je t’expliquerai comment t’en passer »

Solidarités

Cela aurait pu en rester là et c’est très malheureusement très souvent le cas car les travailleurs sont démunis face aux pouvoirs des employeurs. Mais là, la solidarité, prenant sa source dans l’extrême injustice de la situation, a joué à plein. C’est un déluge de soutiens dont bénéficie Anthony Smith, qui me raconte ça avec une émotion que je ressens de l’autre côté du téléphone  :

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Ce qui s’est passé de magnifique c’est que dès le lendemain, dès le 16 avril, va s’organiser une solidarité énorme. Moi tu sais je suis un syndicaliste de l’inspection du travail, je défends et je lutte au côté de salariés et de collègues depuis des décennies et j’ai toujours défendu les autres. Le jour où j’ai eu besoin qu’on me défende alors j’ai trouvé des centaines et des milliers de camarades, de citoyens, de militants et ça ça a été d’une beauté magnifique ! Ça m’a donné une force formidable ! Il y a eu l’intersyndicale du ministère dans la Marne, au niveau national, interprofessionnel. Il y a eu mon syndicat la CGT, toute la CGT, j’ai été soutenu comme jamais avec des centaines de motions d’entreprise. Mais aussi les premiers rassemblements déconfinés du département, dans toutes les villes, dans la région, à Strasbourg. Le vingt-et-un juillet des centaines de personnes à Paris lors du conseil de discipline. En même temps il y a eu un soutien politique hallucinant de toute la gauche, de Lutte Ouvrière au Parti Socialiste, qui demandera à Édouard Philippe de renoncer aux sanctions. Et puis surtout, ce groupe parlementaire, que je ne remercierai jamais, assez de la France Insoumise qui a été à mes côtés tout du long. Mathilde Panot qui a co-présidé avec Thomas Portes et Danielle Lienhart mon comité de soutien. Thomas Portes qui a lancé la pétition qui a réuni 165 000 signatures de citoyens qui se sont emparés de ma défense. C’était vraiment quelque chose de très très fort. Et aussi mes collègues, 1400 collègues sur les 1700, qui signent une tribune de désobéissance dans Médiapart et qui viennent au rassemblement.

Et ça c’est clairement la dune du Pyla qui va complètement faire dérailler la belle mécanique de la répression néo-libérale. A l’autre bout du fil Anthony est maintenant exalté :

Tout ça va peser aussi puisque Pénicaud est remplacée par Borne au cœur de l’été. C’est Pénicaud qui me suspend mais c’est Borne qui me sanctionne et le 9 septembre 2020 elle revient sur la sanction disciplinaire partiellement en me réaffectant dans mes mandats syndicaux en Grand Est. Elle me réintègre également dans l’Inspection du Travail pour contrôler les entreprises et elle me réintègre dans la Meuse qui n’est toujours pas la Marne mais un département frontalier. Dès ma première affectation dans la Meuse je vais contester la sanction disciplinaire qui est toujours maintenue à mon encontre et qui jette l’opprobre, qui dit que j’ai mal agi, en mauvais agent de l’Inspection du Travail, qui me traîne dans la boue.

Pendant deux années nous allons échanger des mémoires avec l’administration et le juge administratif va, le vingt octobre 2022, rendre un jugement exceptionnel, magnifique qui explique que les Inspecteurs du Travail doivent obéir aux ordres de leur hiérarchie sauf si, comme c’est le cas en l’espèce, ceux-ci sont illégitimes et illégaux. Parce que c’est bien ça le fond de l’affaire : la sanction que j’ai subie était illégale. Je n’aurais jamais dû être sanctionné pour simplement avoir tenté de bien faire mon travail. Le juge administratif a purement et simplement annulé la sanction administrative et d’ailleurs l’État n’a pas fait appel de cette sanction, c’est dire ! Et il a été obligé de me réintégrer. J’ai donc repris mon poste à Reims dans la Marne, le premier janvier 2023 avec toujours cette conviction chevillée au corps que ce que j’ai fait pour défendre ces salariés, si je devais le refaire je le referais de la même façon !

Fin de l’histoire ? Oui mais non parce qu’Anthony voit au-delà de son cas personnel et la discussion ne s’arrête donc pas là.

Un service public au service du public ?

Pour les citoyens, le service public renvoie à un cadre de la vie en société. On y est par exemple confronté lorsque l’on est malade, lorsqu’on va à l’école. Mais aussi lorsqu’on a affaire à la justice ou à l’administration. Ce cadre peut-être rassurant ou oppressif, cela fluctue selon les personnes mais aussi selon les objectifs de ceux qui ont en charge son fonctionnement. Au premier chef, le gouvernement qui donne ses directives, qui oriente la politique des services publics par ses propositions de lois. Malheureusement l’orientation politique est actuellement plus au contrôle, au tri social et pour assurer le bon fonctionnement de ce tri, il faut d’abord s’assurer de la soumission des agents afin que les orientations politiques soient effectives sur le terrain. Mais alors, pour qui travaille l’agent du service public ? Pour les usagers ou pour sa hiérarchie ? Réponse d’Anthony :

Les grandes lois de la fonction publique, notamment après l’arrivée de la gauche en 1981, vont reconstruire le statut de la fonction publique et vont édicter certaines obligations, notamment l’obligation de réserve, dans l’expression des opinions, l’obligation de loyauté. C’est véritablement une spécificité de la fonction publique par rapport au reste du salariat que d’être soumis à ces obligations exorbitantes. Par exemple un Inspecteur du travail ne peut pas être candidat dans son département d’exercice à une élection législative. Tout cela a conduit à mon sens à des dérives extrêmement graves. Je pense que le fonctionnaire, dans la cité, est un citoyen et il doit être au plus près de ses concitoyens. Chercher à couper le fonctionnaire de ses concitoyens c’est prendre le risque de créer une caste qui n’est plus là pour servir mais qui est servile. Et le pire dans la fonction publique, c’est exactement ça, c’est d’avoir remplacé le service que l’on doit aux usagers du service public par la servilité. Ce sont ces services publics que les deux-trois dernières décennies ont abîmés, fracturés, vidés de leurs effectifs. Et en plus elles ont soumis les agents publics à cette obligation de servilité, les réduisant ou tentant de les réduire au silence lorsqu’ils tentaient d’accomplir leur noble mission.

Parlons un peu de se(r)vice public…

Il est maintenant temps de satisfaire nos désirs sadiques car il va de soi que cette servilité dénoncée par Anthony s’appuie sur des outils de contrôle. Sans la réalité d’une menace mise en œuvre contre les fortes têtes, la pilule amère ne passerait pas. Charmant petit tour d’horizon :

Un lien vers un article en lien avec les se(r)vices publics
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Il y a mon histoire mais il y a d’autres histoires de fonctionnaires qui, du jour au lendemain, se retrouvent sanctionnés, mutés, déplacés avec un droit disciplinaire de la fonction publique qui a un mode de fonctionnement totalement arbitraire dans lequel celui qui t’accuse te juge. Dans la fonction publique le judiciaire n’est pas séparé de l’exécutif, autrement dit on peut te sanctionner sur la base d’un rapport que l’on a soi-même fait. On dit dans le rapport que tu es coupable, on présente ce rapport devant une commission de discipline et cette commission de discipline, présidée par celui qui a fait le rapport, décide que tu es bien coupable. Tout ça pour dire que cette fonction publique est empreinte d’un fonctionnement monarchique, absolutiste, autoritaire qui font du fonctionnaire non pas un citoyen au service des autres dans la cité mais un obligé qui doit sa carrière, la plupart du temps, non pas à ses capacités mais à sa soumission.

Anthony Smith et les se(r)vices publics
Pour lire la tribune de soutien à Kai Terada, cliquez sur l’image

Voilà qui ressemble déjà à un arsenal sympathique, mais il en est des travailleurs comme des « mauvaises herbes » dans les champs. Comme elles finissent par s’adapter aux agressions extérieures il faut sans cesse innover vers plus de brutalité. Ainsi, on a vu croître ces dernières années les sanctions déguisées en « déplacements d’office ». Le nombre d’exemples rien que dans l’éducation nationale est impressionnant, d’Hélène Careil à Kai Terada. A chaque fois c’est le même profil : des enseignants appréciés dans et pour leur travail, très investis dans leur rôle d’agent du service public et militants syndicaux éprouvés qui, du jour au lendemain, sont déplacés sans raison par l’administration.

Évidemment cela créé des résistances et on se retrouve avec, par exemple, dans l’éducation, les quatre de Melle, des enseignants qui sont sanctionnés ou déplacés d’office. On parlait du droit disciplinaire mais il faut savoir que le déplacement d’office est une mesure qui n’est pas une sanction disciplinaire, le déplacement dans l’intérêt du service c’est certainement le pire arbitraire de la fonction publique. C’est la possibilité pour l’État de considérer que tu ne peux plus rendre ton office dans tel endroit ou dans tel service, de te changer d’affectation et de te dire que ce n’est pas une sanction. Tu ne peux donc même pas la contester dans le cadre d’une sanction disciplinaire.

En fait cette différence d’appréciation dans le se(r)vice public est vieille comme le monde, ou plus exactement, comme le capitalisme. C’est la différence entre un travail perçu comme moyen ou comme fin.

Productivité et Émancipation

Anthony Smith et les se(r)vices publics
Cliquez sur l’image pour voir le documentaire Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés

Le travail perçu comme moyen est extérieur au travailleur. C’est une tâche dont il doit s’acquitter en échange d’un salaire. Dès lors il doit s’épanouir en dehors de son emploi rémunéré, grâce à la société de consommation et des loisirs. Le travail comme fin transforme celui-ci en vecteur d’épanouissement, d’émancipation. Il permet le bien-être du travailleur en impliquant son être intellectuel, artistique, pratique et social dans son activité. Wilhelm Von Humboldt résumait la première conception du travail ainsi dans son ouvrage Essai sur les limites de l’action de l’État  paru en 1867: « Ce que l’homme ne choisit pas lui-même, ce en quoi il est gêné ou vers quoi il est mené, ne s’identifie jamais avec son être et lui reste toujours étranger. Pour l’accomplir, il n’emploie pas vraiment ses forces d’homme, mais une adresse de mécanique. » Par contre il disait de la seconde conception du travail dans le même ouvrage :

 C’est ainsi que l’on pourrait former tous les paysans et ouvriers, pour qu’ils deviennent des artistes, c’est-à-dire des hommes qui aimeraient leur industrie pour elle-même, qui l’amélioreraient par une direction et un génie à eux propres, qui, par là-même, cultiveraient leurs forces intellectuelles, ennobliraient leur caractère, élèveraient leurs jouissances. Ainsi l’humanité serait ennoblie justement par ces choses qui maintenant, quoique belles en elles-mêmes, ne servent souvent qu’à la déshonorer.

Voici comment Anthony évoque la  conception du travail comme moyen qui est toujours, cent cinquante ans après les analyses de Von Humboldt, celle dont nos dirigeants usent quasi-exclusivement, dans leur désir de nous contraindre à leurs volontés :

On a, au fur et à mesure, vendu à la découpe des pans entiers de l’État, c’est-à-dire du savoir faire technique. On avait des fonctionnaires praticiens, je pense notamment aux collègues des finances publiques, des impôts. On avait une implantation locale avec par exemple la poste. C’était des services de contact des usagers du quotidien, on les a remplacé par des pilotes chargé de commander des politiques publiques, d’organiser des systèmes d’information. On a « orwellisé » la fonction publique avec des ultras libéraux qui ont agi comme les pires bureaucrates soviétiques du plan. C’est assez fou d’avoir eu ainsi des gens déconnectés et qui n’ont plus comme action que de piloter les autres.

Mais lorsqu’il évoque le devenir du service public c’est la conception du travail comme fin que l’on reconnaît, cette aspiration à l’émancipation par le travail qui renaît par ses mots :

Anthony Smith et les se(r)vices publics
Pour voir le documentaire Mais puisqu’on vous dit que c’est possible, cliquez sur l’image

Je suis d’un optimisme radical. Je pense que le modèle McKinsey, le modèle d’une déstructuration totale du fonctionnariat est un modèle qui n’est plus désiré si tant est qu’il l’ait été par les citoyens. La séquence qui s’ouvre c’est celle d’un grand besoin de protection, de sécurité mais au sens de bien-être, de vivre ensemble. La fonction publique est un maillon essentiel de ce vivre ensemble. Les citoyens ont pu être un moment bernés par un discours qui faisait porter sur le fonctionnaire la responsabilité de ses malheurs mais il y a aujourd’hui un projet émancipateur à porter qui passe par la refondation d’une fonction publique citoyenne et au service du public.

Le sens est l’enjeu du débat sur le travail des prochaines années. Quand on parle de la grande démission c’est la question du sens, de ce qu’on met dans le travail. On a augmenté la productivité des hommes en pensant qu’ils étaient des machines et sans comprendre qu’ils étaient des hommes. Il y a un grand « ça suffit » qui est né et il y a une grande prise de conscience qui a remis le travail aliéné à sa place. On est dans un système qui fait trop peu de place à « l’individu au travail » et la question du sens est une question centrale.

Le mot de la fin

Pour être tout à fait complet sur cet entretien, qui n’a duré qu’une demi heure mais a été d’une très grande richesse, je tiens à dire qu’une ombre nous a suivi tout du long. Celle de Marie Lajus, préfète d’Indre-et-Loire limogée peu de temps auparavant. Ce que nous en ont dit les médias évoquait furieusement la situation vécue par Anthony. Si l’on veut que le sentiment de l’injustice disparaisse il faudra bien revoir un jour le sens du travail et du service public dans notre société. Autrement il faudra se résoudre à voir se multiplier les « affaires Anthony Smith ».

Anthony Smith et les se(r)vices publics
Maris Lajus, éphémère préfète d’Indre-et-Loire. Pour lire l’article lié, cliquez sur l’image.

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