Le jour d’une formidable mobilisation sociale, quelques fanatiques d’une réforme des retraites dont personne ne veut s’étaient donné rendez-vous en catimini dans une minuscule salle oubliée. Eric Woerth et Daniel Labaronne n’oublieront pas de sitôt cette cagade…
Cagade, de l’occitan cagada, lui-même du latin cacare, désigne un raté monumental et ridicule (Wiktionnaire)
Une belle cagade ça se prépare…
Eric Woerth, ancien ministre du travail, et Daniel Labaronne, député de la 2ème circonscription d’Indre-et-Loire s’étaient bien préparés : une salle écartée de tout axe de passage, au fond d’un lotissement, une absence totale de publicité en amont afin, probablement, de permettre une meilleure promotion de l’action à postériori avec une salle acquise et aux anges, une discrétion totale aux abords. Oui mais… C’était sans compter sur l’ébruitement par une collègue de travail de monsieur Labaronne de l’information auprès d’opposants à la réforme… Enfin, quand on dit « opposants à la reforme », parler de simples citoyens informés serait plus juste tant celle-ci réussi l’exploit d’unir contre elle tout un pays pourtant fortement divisé du fait des politiques néo-libérales subies depuis des années.
réalité ou plan com’ ?
Il n’en fallait pas plus pour qu’une soirée qui aurait dû être tranquille tourne à l’enfer pour nos deux comparses en mission gouvernementale. Ils espéraient s’en tirer en contournant les difficultés mais un grain de sable a suffi à tout dérégler et l’irruption de la vraie vie les a emportés dans le tumulte de souffrance dont ils sont la cause. Ainsi, ils ont pu vérifier qu’il vaut quand même mieux avoir Léa Salamé ou Apolline de Malherbe en contradictrices que de vrais gens qui subissent leurs réformes depuis maintenant beaucoup trop longtemps. Sortir de la bulle gouvernementale peut être une réelle souffrance pour des gens habitués à l’entre-soi – ceci dit, cette souffrance est à relativiser en regard de la souffrance des travailleurs apprenant un beau matin que le caprice présidentiel est de les faire travailler au moins deux ans de plus.
Le récit objectif de la soirée par des membres de l’Action Populaire Amboise donne une idée du calvaire vécu par les deux zélés défenseurs d’une réforme incompréhensible. Une vraie cagade…
Les faits rien que les faits
Après la journée d’action du 31 janvier, qui avait réuni près de trois millions de français dans la rue contre cette injuste réforme des retraites, des membres de l’Action populaire d’Amboise et des opposants à ce projet de réforme, décident donc d’aller à la réunion publique à la Ville-Aux Dames.
Incertains de pouvoir rentrer dans cette petite salle, nous découvrons à l’heure du fameux rendez-vous, une salle vide totalement avec justes quelques sympathisants pouvant se compter sur les doigts d’une main et très discrets de M. Labaronne. Et puis la salle a commencé à se remplir de nombreux Tourangeaux plus que jamais hostiles face à la politique de Macron et sa réforme des retraites.
C’est une véritable débâcle pour les macronistes ! Face à la force de l’assemblée populaire qui rejette dès la première minute la présentation d’Eric Woerth, Daniel Labaronne est contraint de laisser tomber son ordre de présentation. Les gens ont déjà bien compris l’injustice totale de cette réforme et la salle ne compte pas se laisser faire face à ces langues de bois qui défendent une politique néo-libérale brutale et sans concession.
La salle crie son désaccord et s’invective contre les arguments de M.Woerth qui ne fait que comparer l’âge de départ à la retraite à celui pratiqué dans d’autres pays européens, entre autres l’Allemagne et la Suède où les injustices sociales sont plus importantes . M Woerth n’a que faire d’autres pays où l’âge de départ est plus tôt, ces derniers étant considérés comme « des pays exotiques ».
M.Woerth est secoué et, avec arrogance, il se permet d’insulter le peuple : « Qu’est-ce qu’il a la grande gueule ? » lance-t-il à un soignant qui a exprimé sa colère. L’assemblée est renseignée ; elle connaît les chiffres de la Cour des comptes, de l’Insee et du COR, sources visiblement considérées comme peu fiables par les deux macronistes. « Vous savez l’INSEE, l’INSEE ment … » provoque E. Woerth
Les témoignages se sont succédés avec des questions et préoccupations précises :
« J’ai commencé à travailler à 17 ans, j’ai 61 ans, je partirai à la retraite à 67 ans. Pourquoi ? J’ai fait des stages d’insertion professionnelle dans les années 80 qui ne sont pas pris en compte. » M. Woerth coupe l’intervenant toujours de manière aussi provoquante : « On ne va pas rentrer dans le détail de votre carrière ! »
« Si j’ai les trimestres, pourquoi continuer à aller travailler ? » demande très justement une mère de 4 enfants. « Vous n’avez pas l’âge. » rétorque le macroniste.
Les deux députés n’ont pu répondre qu’avec le même refrain : pour sauver le système par répartition il faut travailler plus longtemps. Ils sont restés complètement sourds aux propositions de l’ensemble des personnes présentes consistant à financer le supposé déficit des retraites.
« Il y plein de façons de financer ce déficit, c’est une question de choix politique. On peut faire l’égalité salariale homme/femme, taxer de 2% les plus riches.» lance un membre de l’Action populaire d’Amboise applaudi par la salle. Même Eric Woerth l’admet : « Nous pouvons financer le déficit autrement … »
Mais, D. Labaronne et E. Woerth répètent le vieux discours de la droite néo-libéral: la France est le pays le plus taxé d’Europe…
La séance se conclut : « M. Woerth pourriez-vous vivre avec 1200 euros par mois ? » demande un citoyen. « Non » jette-t-il froidement avant de s’échapper sous le chant des Gilets jaunes et de l’Internationale.
Cagade il y eu bien…
Houlàlà, que ce fut dur pour les deux soldats de la macronie… Résultat : la belle communication prévue dans la Nouvelle République a été toute gâchée et le journaliste, embarrassé, ne put pondre un article totalement acquis à la cause gouvernementale. La supercherie des deux héros en mission tient donc bien plus de la cagade que du coup d’éclat et dans le contexte bouillant actuel ce n’est pas du meilleur effet. Et puis, du côté des opposants à la réforme des retraites tout le monde est sorti de là affermi dans sa conviction d’une réforme injuste, inacceptable, d’un total amateurisme et blessé par le mépris, l’arrogance de ceux dont l’objectif est clairement de détruire tout ce qui rend la vie moins dure au peuple.
Le mot de la fin… (Une vidéo partagée par un membre du groupe Gilet Jaune d’Indre-et-Loire et Touraine en Luttes)
Pour relire le programme de la NUPES sur le sujet des retraites, chapitre 1, cliquez ici.