A l’hôpital de Chinon le vendredi 5 août, une commission d’enquête populaire de la NUPES, intitulée « Allô Ségur », a donné lieu à un véritable réquisitoire contre la politique du gouvernement en mettant au jour la responsabilité de choix politiques dans la situation actuelle de l’hôpital public. L’Union Populaire Amboise était évidemment représentée par Eric et Muriel. Récit d’une politique détruisant le lien humain et social, préférant les chambres d’isolement aux personnels (…)
Dans le cadre des « commissions d’enquête populaires » lancées par la NUPES, le député LFI Damien MAUDET a passé la journée avec les soignants de l’hôpital de Chinon et leurs organisations syndicales FO et CGT. Le matin, une visite du service de psychiatrie était prévue, la direction de l’hôpital a commencé par refuser au député le droit constitutionnel de visiter le service ! La direction a finalement dû céder. Cette visite est une première à Chinon, la députée LREM de la circonscription n’ayant jamais daigné s’y intéresser, alors que 5 journées d’action intersyndicales ont été organisées à l’hôpital contre les suppressions budgétaires. Comme le faisait remarquer le syndicaliste Alexandre Robert, le CH a reçu un avis d’excellence qualité par le contrôleur des libertés ce qui n’a pas empêché la direction de supprimer des postes.
Devant une quarantaine de personnes, une quinzaine de soignants ont ensuite été interrogés pendant 2 heures par Damien Maudet : les questions portaient sur leurs conditions de travail et leur évolution, l’origine des difficultés selon eux, et quelles propositions de loi ils feraient concernant l’hôpital s’ils étaient députés à l’Assemblée nationale.
En service de psychiatrie, Dimitri et Jean-Luc décrivent une situation où d’une psychiatrie « humaniste » et qui était devenue un « modèle exemplaire », on est passé à un hôpital « qui referme les portes », où on remet en place « les chambres d’isolement », faute de personnel en nombre suffisant. « Le rempart, c’était le contact humain » dit un soignant. « Tout ce principe est en train de disparaître ».
Céline, infirmière de nuit, indique que certains résidents ne sont pas sortis depuis des années. Son propre poste à l’Ehpad a été supprimé. Depuis, l’établissement fait appel à des prestataires extérieurs à l’établissement en cas de besoin en privilégiant l’économie à la sécurité des soins.
A la maternité, labellisée par l’OMS « amie des bébés » et où, indique Sabine, « à la différence d’autres maternités, on arrive encore à recruter, car on peut encore mettre de l’humain dans nos soins, on aime ce qu’on fait », la situation se dégrade rapidement. « On a eu l’impact de la fermeture des urgences » (pour une césarienne, besoin des infirmiers des urgences.). « La direction veut que la maternité soit autonome » mais « sans création de postes ce n’est pas faisable » car avec une moyenne de 104 césariennes par an, on a calculé que dans 71 cas, il n y aurait alors pas de soignants en salle de naissance avec les patientes. On va se retrouver en insécurité. »
Un médecin et un aide-soignant du service des urgences reviennent sur la fermeture des urgences de l’hôpital pendant 3 semaines en juin dernier. Sur les 32 personnels des urgences, 31 étaient en arrêt, ce n’était plus possible (dans ce cas, seules les urgences « vitales » étaient acceptées, les autres étant renvoyées au 15). Damien Maudet relève qu’on est loin des affirmations rassurantes de François Braun ministre de la santé, sur « les urgences qui ne fermeraient pas cet été. »
Thierry, médecin urgentiste, s’inquiète du manque de personnels : « moins 4 médecins cet été ; des intérimaires ont été recrutés au mois d’août, mais même comme cela on va avoir un problème sur un week-end d’août, et on sait qu’à Amboise ils ferment les urgences certaines nuits, ce week-end et ce lundi par exemple. Il y a aussi des problèmes à Loches ».
Valentin, aide-soignant de nuit aux urgences, décrit son quotidien : « nous sommes 2 aides-soignants, 2 infirmiers la nuit. On n’arrive plus à absorber. Il y a une multiplication des tâches, une augmentation d’activité. Il est rare qu’on y arrive et qu’il y ait assez de monde partout. Une nuit je me suis retrouvé tout seul aux urgences : qu’est ce que je fais dans ces cas-là ? La direction nous dit qu’on n’a que 3, 4 passages par nuit, mais c’est le taux d’occupation qui compte. J’ai 15 patients au service PLUS les passages. Il y a des conséquences sur la vie de famille, des fois on est rappelés sur un week-end au dernier moment. J’ai pensé plusieurs fois à arrêter, à me reconvertir. Après certaines journées, on n’a pas envie de revenir le lendemain. »
Tous les soignants ont dénoncé l’origine de ce constat accablant : les suppressions de postes et les mesures de restriction permanentes, T2A, ONDAM, loi de financement de la Sécu voulues par tous les gouvernements depuis une quinzaine d’années : Bachelot, Touraine, Buzyn, Véran, suppressions qui ont continué en plein COVID ! Tous ont exposé les solutions : arrêter avec la T2A, arrêter les suppressions de postes, créer tous les postes nécessaires, augmenter vraiment les salaires des soignants.
Toutes ces revendications ont été au cœur des nombreuses mobilisations organisées par les syndicats de l’hôpital, FO, CGT, rassemblements devant l’hôpital, avec la population un samedi, devant l’ARS, montée à Paris avec les hospitaliers pour demander des comptes à Véran.
Le combat continue : « pas de fin sans les moyens » concluait Alexandre Robert, qui remerciait Damien Maudet pour ce travail de vrai élu du peuple. Nul doute que ce réquisitoire sera en bonne place dans le rapport d’enquête de la NUPES !
Muriel